Padel : le classement individuel, un outil de fidélisation ?

Dans ces chroniques, volontairement, nous n’avons quasiment jamais évoqué la partie compétitive du padel.

Cette position, assumée, est due au fait que nous ne croyons pas que cet aspect de la pratique soit prépondérant dans son développement. Nous faisons le pari que la grande majorité des joueuses et joueurs de padel de demain (comme aujourd’hui) seront des pratiquants loisir.

L’effort principal à fournir pour développer le padel en France devrait, selon nous, porter sur le « padel pour tous ». 

De plus, l’histoire de l’organisation du sport français, principalement structurée à travers des fédérations, fait que la compétition, la performance, le haut-niveau constituent un domaine connu, maitrisé, que la Fédération Française de Tennis n’aura aucun mal à dupliquer. C’est son ADN, c’est son histoire, sa philosophie, son savoir-faire, ses compétences. La FFT n’a d’ailleurs pas tardé à annoncer un certain nombre de décisions concernant ce sujet (Roland-Garros du padel, un centre national d’entrainement, un DTN adjoint, des P2000…).

Néanmoins, il nous semble que, si elle reste minoritaire, la partie compétitive est utile (indispensable ?) à la pratique loisir. D’abord, c’est à travers les pionniers, les passionnés que le padel est partagé. Ce sont aussi et surtout des compétiteurs qui assurent depuis plus de 20 ans la découverte de cette pratique en France. Il faut leur rendre hommage pour le travail réalisé.

Enfin, et c’est l’objet même de cet article, la compétition est un outil parmi d’autres permettant de fidéliser les pratiquants, et ce quelque soit leur niveau. Nous parlons de compétition et non de haute-compétition, celle accessible avec des formats de tournoi ouverts et conviviaux — vous connaissez notre attention portée à ce sujet. 

Dans ce cadre, le classement est un –et non LE– moyen intéressant car il est le feed-back sur sa progression, sur son engagement, son investissement dans la pratique. Aujourd’hui le classement de padel est même quasi le seul indicateur fiable que nous ayons concernant l’identification des joueurs en France. Les pratiquants ne faisant pas de tournois homologués FFT sont majoritaires mais inquantifiables car souvent non licenciés. Les chiffres les plus précis que nous ayons à notre disposition sont ceux (en constante progression) des classés FFT padel (5.600 pour les hommes et 960 pour les femmes pour mai 2019).

Alors, en quoi le classement peut-être un outil de fidélisation ? 

 A l’image du tennis bien sûr mais aussi du judo, du golf et de très nombreux sports individuels, le classement a été bien utilisé par les fédérations pour maintenir leurs sportifs dans leur organisation. Dans notre société, même si cela change, le classement est assez usuel.

A l’image de points fidélités sur une carte de magasin, il est un outil marketing très intéressant pour remobiliser un certain nombre d’entre nous. Il est parfois ce petit facteur déclenchant un entrainement de plus, une compétition de plus, une licence annuelle de plus.

Évidemment, le pré-requis à cela est la pertinence du système mis en place. Pour le padel, celui-ci est assez jeune au regard d’autres disciplines. La vitesse de développement de la pratique, au sein d’une fédération qui a assez logiquement d’autres priorités, explique peut-être un certain nombre de dysfonctionnements actuels sur ce sujet. La sortie de l’application TenUP, si elle est pertinente pour le tennis, ne semble pour le moment pas aboutie pour le padel.

Le très faible niveau d’information sur le tableau récapitulatif du classement mensuel comprenant les 6.600 joueuses et joueurs ne permet pas non plus une confiance absolue dans le dispositif (un détail des 10 tournois avec les dates et le nombre de points gagnés semble un minimum). Ce mois-ci, l’écart perçu par quelques-uns entre le classement sur TenUP et sur le tableau laisse à penser que celui-ci est complexe à gérer. Cet outil de fidélisation qu’est le classement, notamment et paradoxalement pour les moins bien classés, est conditionné à sa fiabilité et à sa transparence.

La FFT, avec son expérience et son savoir-faire en la matière avec le tennis, est tout à fait en mesure de proposer un système performant. 
Il restera ensuite à réfléchir si un classement individuel pour un sport présenté comme quasi-collectif est le plus opportun. 
Il restera aussi à réfléchir si un système copié sur le modèle du tennis professionnel (nombre de points fonction des résultats dans des catégories de tournoi) est idéal. Le dispositif, complexe, du tennis tenant compte de la valeur de ses adversaires est une autre option possible (meilleure ?).

De plus, le dispositif actuel très simple et lisible en attribuant un classement français (n°241) sera-t-il toujours pertinent quand nous saurons 250 000 ? Faudra-t-il un classement comme au tennis (30/2, 15/4 …), comme au badminton (D7, R5), comme au golf (handicap 27).
Un futur, bon, problème…